Mardi soir, j’avais rendez-vous avec un homme, avec un grand H, Monsieur Arthur H. Rdv pris à La Carène de Brest depuis bien longtemps… avant que son père ne s’en aille (toujours trop tôt de toute façon !). Cette soirée a donc pris en toute logique des airs de veillée, où public et artiste, veillaient les uns sur les autres.
Ce qui m’a le plus troublé, c’est ce public qui était vraiment à l’écoute de l’artiste, mais surtout du fils qui devenait orphelin. Tel un groupe d’amis qui accompagne, comme il peut, celui qui vient de perdre un être cher. Aux aguets. Prêt à soutenir, à rire, à pleurer selon l’état d’âme de celui qui souffre.
Les lumières illuminent la scène et le ton est donné. Trône au centre, la photo de celui qui n’est plus. Le Grand Jacques, comme il l’appelle, nous regarde de toute sa hauteur, en noir et blanc, devant ce public de toutes les couleurs et de tous les âges.
Son absence sera omniprésente tout au long du concert.
Arthur H. nous accueille sous un tonnerre d’applaudissement, et pour le public brestois, nous livre une réflexion délirante dont il a le secret : Le tonnerre de Brest, l’éclair qui vient avant… ou après, il ne sait plus, et qui vient fracasser un crâne, qui explose de mille roses et de tournesols, offertes au Grand Jacques… et lui dédie ce concert.
En plus de 2h30 de concert, Arthur H se laisse guider par ses envies, sa mélancolie, accompagné d’une batterie cinglante de précision et d’une guitare jouée par un Nicolas Repaque, plus fidèle que jamais.
Les titres s’enchaînent, quasi sans pause, au bon vouloir de ses doigts sur le clavier… Un air qui lui traîne dans la tête, un accord qu’il se remémore… la playlist est parfois étonnante, souvent déroutante, mais je ne boude pas mon plaisir. La plupart des titres, je les connais et les apprécie pour la force des mots, la douceur des mélodies, et la noirceur s’est invitée dans le ton des chansons. Mais je le comprends, et même tant mieux pour moi, car je ne suis pas une fan des « Dance with Madonna »… même si son costume de scène doré devrait rester dans les an(n)ales ! Mais, hier soir, le début de concert était si prenant, si introspectif, qu’après « Le Passage », « La boxeuse amoureuse » m’a tirée une larme.
Puis, petit à petit, le plaisir de jouer entre amis, le réconfort de se sentir soutenu par son public, Arthur H. a repris le goût de « jouer » sur scène. En se cachant derrière ses marionnettes, tel un gamin, il faisait parler la petite voix qui était en lui et oubliait un moment sa tristesse, et ça, ça fait toujours du bien et en plus, on en a pas que le droit, on en a le devoir !
Alors, Monsieur H.,
Merci à vous d’avoir été Vous (comme le clamait haut et fort l’une de vos fans pendant le concert),
Merci de prendre la liberté de nous décharger vos ondes négatives et de vous recharger avec nos ondes positives (c’est le meilleur des remèdes pour se relever !),
Et Merci d’être toujours là, pour nous, pour Lui et pour Lily Dale…
Une femme de poseur de girouettes (véridique !)
*petit clin d’œil au Prince de Motordu que j’aime tant lire à mes enfants… et le petit son de Harpe qui sortait parfois du clavier et que transformait Arthur H. en Alan Stivell