Saison 1 – La Malédiction des cloches
Episode 4 : Du haut du clocher…
Louise et Augustine, les sœurs jumelles Kervalle, se sentaient dorénavant comme orphelines. Leur Mammig avait disparu et elles ne comprenaient pas ce qu’il s’était passé.
– On ne parle pas de ces choses-là…leur dirent leurs parents dépités.
Elles n’insistèrent pas au vue de l’état de leur mère qui, d’avoir trop pleuré ses deux filles disparues, avait fini par perdre la vue. La mort dans l’âme, les filles tournaient en rond dans la forêt de la Fontaine Blanche. Leurs rires ne résonnaient plus entre les futaies et on n’entendait plus qu’à peine, les cloches appeler les fidèles pour la messe du dimanche.
Le curé en fit part au père Kervalle, le campaniste. Même s’il ne souhaitait plus mettre un pied dans cette église qui lui avait arraché ses enfants, il escalada en haut du clocher. Il découvrit alors avec effroi qu’il ne restait plus qu’une seule cloche sur quatre, sur le beffroi : celle qui s’appelait la « Jeanne-Marie-Louise ».
S’entretenant avec le curé Baod de sa découverte, celui-ci lui dit d’un air sombre :
– Ceci ne peut être que l’œuvre de Dieu, c’est une malédiction, mon fils. Et ils partirent, chacun de leur côté, la mine sombre… Louise serait-elle la prochaine ?
Un dimanche après-midi, la famille Kervalle était partie ramasser du goémon sur la grève au Tinduff, technique ancestrale pour enrichir les terres cultivées. La petite Louise, âgée de dix ans, était comme à son habitude, plus occupée à pêcher des bigorneaux et des brenigs, que de ramasser le varech. S’étant éloignée de ses parents et de sa sœur, elle fut intriguée par la vision d’un grand bateau aux voiles noires qui venait de la pointe du Bindy à Logonna. Comme hypnotisée, elle vit s’élever des voiles sombres, une grande brume blanche à la silhouette d’un fantôme de femme. Rapidement, elle appela Augustine pour la prévenir mais en un instant, la brume s’étendit sur toute la mer et gagna la terre pour recouvrir toute la presqu’île. Ses parents l’appelèrent pour rentrer et Louise ne put partager sa vision mais un sentiment de peur la gagna.
Quelques jours plus tard, l’épidémie de peste noire s’abattait sur Plougastel. L’Ankou, en messager de la mort, s’en donnait à cœur joie. Fauchant sur son passage, aussi bien les enfants que les vieillards, les La Gell et Les Kervalle, les riches et les pauvres… En quelques mois, la moitié de la population de Plougastel fut décimée et des villages entiers comme Keramen au sud et Kervazou au nord disparurent de la carte. Aux quatre coins de la presqu’île, on pleurait et on entassait les morts dans des fosses communes, les recouvrant à la va-vite de chaux.