Salut les Followers !
ça faisait bien trop longtemps que j’avais délaissé mon blog : mais ça ne m’empêche pas d’écrire toujours!
Alors, je ressors des cartons, un texte écrit il y a presque un an, pour le départ de notre “Vieux Pote de la Pub'”, Philippe Chrétien.
Philippe était le grand manitou de la communication à Brest et dans le Grand Ouest. D’une agence de publicité locale dans les années 70, il a été griffé par le lion Publicis et est devenu Publicis Grand Angle puis Publicis Activ.
Philippe m’a donné ma chance en tant que rédactrice-conceptrice junior, c’était un 1er avril (véridique!). J’avais 22 ans et grâce à lui, j’ai pu trouver ma place et m’épanouir au sein de cette agence et celle de Rennes pendant 8 ans.
Quand j’ai appris son décès, de nombreux souvenirs me sont revenus et voici celui que j’ai eu envie de vous faire partager : Vis ma vie d’une agence de pub’ en l’an 2000
Brève d’agence
Le vent du Grand Large
C’était le jour de mon premier plan’s board à l’agence… et je n’en menais pas large.
J’avais vite compris que les gars du service créatif s’étaient mis en biz-biz pour présenter leurs idées ensemble… Et moi, junior fraîchement débarquée, j’avais bidouillé ma maquette de storyboard toute seule sur word, histoire d’avoir une scénar’ à présenter. Mais du haut de mes 22 ans, je savais déjà que ça ne suffirait pas !
15h00 : chacun ramasse ses affaires et se dirige vers la salle de réunion d’une austérité à faire pâlir les plus belles créations : salle tout en longueur, murs en parpaing brut, table de réunion immense en bois laqué, spots à la lumière froide… Les créatifs s’installent à droite, le service commercial à gauche, et arrive en dernier recours, la direction qui vient trôner au bout de la table.
« Le sujet est simple », résume le grand patron, « il faut séduire le client en lui proposant une idée créative pour faire vendre ses tomates de toutes les couleurs. Qu’est ce que vous nous avez trouvé de beau les créas ? ».
Un premier créatif se lance : super maquette, super idée ! On ressent qu’il a l’habitude de présenter ses concepts et le public hoche la tête dans le bon sens, mais ne se prononce pas, protocole oblige.
Et les idées s’enchaînent….
Moi, mes fesses collent sur le siège en skaï, mes mains moites laissent des traces sur le bois laqué de la table, mon cœur bat la chamade quand j’entends le patron lancer du bout de la table :
« Et la bille de clown, elle a une idée? ».
Alors je me lance, bafouillant, avec ma feuille A4 et mes 6 cases de storyboard, racontant l’histoire d’un bel homme d’âge mûr en introspection chez son psy. Il dit les aimer toutes, de toutes les couleurs, de toutes les formes… qu’elles sont toutes à croquer et qu’il n’arrive pas à choisir sa préférée…. Entre cette analogie avec les femmes et ma prise de parole en public, c’est moi qui suis devenue rouge comme une tomate ! Je finis, enfin, ma présentation et lève la tête. Le directeur me regarde, avec ses yeux pétillants de malice et son sourire au coin des lèvres, et il clame à l’assistance : « C’est bien mon p’tit pote, mais moi, ça m’en bouge une sans faire bouger l’autre ! ».
Mon idée n’avait pas été gardée certes, c’est notre quotidien chez les créatifs…
Mais cette citation est restée gravée dans ma mémoire
et j’aime, surtout en tant que femme, la ressortir à mes collègues ou stagiaires,
quand leur idée ne fait pas mouche.
Pour ça et tant d’autres souvenirs, Philippe, notre grand pote, on ne t’oubliera pas.
Mademoiselle Jeanne
Photo Grand Large : @Yoland Gest